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HESITATION MARKS

Publié le 15 Septembre 2013 par JS in MUSIQUE

HESITATION MARKS

HESITATION MARKS de NINE INCH NAILS (sortie le 03/09/2013 Columbia Records)

Après quatre ans de silence Nine Inch Nails revient en force avec un de leurs meilleurs albums ! Trent Reznor avait décidé après The Slip en 2008 de mettre le groupe entre parenthèse, il en faisait part sur son site officiel en février 2009: "J'ai beaucoup réfléchi, le moment est venu de faire disparaître NIN pendant un certain temps". Il n’est pas resté pour autant inactif. Il a développé un autre très beau projet trip-hop électro avec sa compagne Mariqueen Maandig, How to destroy Angels, avec la sortie d’un premier EP homonyme en 2010, An Omen (2012) et un album Welcome Oblivion en cette même année 2013 du retour de NIN. Ross Atticus a fait partie du projet, et avec lui Reznor a coécrit et produit aussi parallèlement la bande-son du film de David Fincher, The Social Network, décrochant deux prix : un Oscar et un Golden Globe Award 2010. Ils collaborent de nouveau pour la bande originale de Millénium, les hommes qui n’aimaient pas les femmes, sortie en décembre 2011. Enfin les quatre ans de pause avec NIN permet à Trent de prendre du temps pour lui, il épouse Mariqueen, ensemble ils ont un premier enfant, Lazarus Echo né en octobre 2010, qui sera suivi d’un deuxième.

C’est dire si l’attente concernant NIN, était grande. Qu’allait-il faire de son jouet préféré ? Reznor sait faire monter la pression. Il annonce une première fois le 28 mai 2013 dans un message sur le site nin.com le retour du groupe. Et c’est avec un premier single, Came Back Haunted sortie le 3 juin qu’il déclenche les hostilités. Morceau énorme et évident dès la première écoute, mélange électro-rock noir qui provoque instantanément une montée d’adrénaline ! Il est suivi rapidement par un clip tout aussi noir et allumé réalisé par David Lynch. Les deux hommes avaient déjà collaboré sur Lost Highway ; il est d’ailleurs étonnant qu’ils ne travaillent pas plus ensemble tellement ils semblent être fait l’un pour l’autre. Hesitation Marks est donc leur huitième album studio. Très électro et assez minimaliste par rapport aux arrangements plus développés de The Fragile ou The Downward Spiral. D’ailleurs, la ressemblance graphique entre les artworks de Hesitation Marks et The Downward Spiral (1994) n’est pas une coïncidence, ils sont réalisés tous les deux par Russel Mills. Avec The Fragile (1999) ils forment de façon évidente une trilogie dans les correspondances qu’ils entretiennent.

Dans Hesitation Marks, outre les deux morceaux instrumentaux, The Eater Of Dreams et Black Noise qui ouvrent et referment cette pépite noire, on peut distinguer plusieurs couleurs différentes dans cet album qui reste malgré tout très cohérent. Il y a les morceaux qui sont l’armature solide avec des déjà classiques pour NIN tellement ils nous semblent familier : Copy Of A, électro au rythme endiablé, Came Back Haunted aux paroles prophétiques (I don’t believe it / I had to see it / I came back haunted). In Two et sa montée qui se stoppe brutalement dans une énorme frustration, et All Time Low dont le rythme rappelle Closer dans lequel la même tension sexuelle était déjà bien présente. Enfin, plus évident encore, les paroles de Ruiner qui fonctionnent avec elle en écho : “How did we get so high” répondant au refrain “how did you get so big? / how did you get so strong? / how did it get so hard? / how did it get so long?”. Troisième direction avec les morceaux Disappointed, Running et While I’m Still Here, Satellite, qui sonne différemment, cela m’a immédiatement rappeler la production sonore d’Atoms For Peace (le deuxième supergroupe de Thom Yorke). Même Everything qui peut surprendre par son côté rock post-punk et accessible, fait office d’une respiration et s’intègre parfaitement placé au milieu de l’album. I would You, Find My way et Various Methods Of Escape sont elles des chansons plus classique pour NIN si on peut dire, avec des montées typiques du crépusculaire The Fragile.

Et comme à chaque sortie d’un album aussi attendu, les avis seront partagés. Reznor étant un musicien essentiel et très influent dans la musique actuelle, David Bowie considère l’impact de Reznor sur la musique à celui à celui des Velvet Underground et The Downward Spiral est considéré comme l’un des 500 meilleurs albums de tous les temps par le magazine Rolling Stones.

NIN n’a plus rien d’underground puisqu’il est, comme Trent Reznor, un être organique et donc nécessairement en mouvement, jamais figé, et personnellement je trouve cette évolution dans le groupe parmi les plus riches et intéressantes de ces deux dernières décennies. Reznor a changé et c’est une bonne nouvelle ! Il l’expliquait dans une interview à The Guardian (28 août 2013) : « J'ai beaucoup pensé à l'époque de The Downward Spiral, et à l'homme que j'étais à ce moment-là. J'avais l'impression d'être un puits sans fond de rage et de haine de soi, et il fallait que je m'en prenne à quelque chose ou sinon j'allais exploser. Je pensais que je pourrais m'en sortir en mettant tout cela dans ma musique, en allant devant un public et en leur déversant mes émotions et tout ce que j'avais dans mes tripes... mais après un moment cela n'a plus suffit, et les drogues et l'alcool ont pris le dessus. Aujourd'hui, je suis content de ne plus ressentir cela. J'ai appris à reconnaître (...) que l'équilibre chimique de mon cerveau n'est parfois pas juste en matière de dépression. Ce disque a été écrit depuis l'autre bout de ce voyage. Je porte toujours en moi un désespoir, une solitude, une rage, un isolement et un sentiment de non-appartenance mais je peux exprimer tout cela de manière plus appropriée par rapport à qui je suis aujourd'hui. »

Oui l’homme vieillit et il n’est plus confronté aux mêmes démons que lorsqu’il composait le sublissime et désespéré Hurt, mais à 48 ans composer Copy Of A ou Came Back Haunted montre toute sa vitalité, et qu’après avoir côtoyé la mort de si près, qui sait ? peut-être fera t-il danser les foules ? La vie offre de nouveaux défis permanents et Reznor les relève avec une énergie et un talent rare en signant l’album de l’année 2013 !

Discographie :

1989 Pretty Hate Machine / 1992 Broken / 1994 The Downward Spiral / The Fragile / 2005 With Teeth / Year Zero / 2008 Ghosts I-IV / 2008 The Slip

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O
complètement d'accord !!
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