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BACK HOME

Publié le 16 Décembre 2015 par JS in CINEMA

BACK HOME de Joachim Trier (Sortie le mercredi 9 décembre 2015)

"Alors que se prépare une exposition consacrée à la célèbre photographe Isabelle Reed trois ans après sa mort accidentelle, son mari et ses deux fils sont amenés à se réunir dans la maison familiale et évoquer ensemble les fantômes du passé…"

Un film tout simplement magnifique. Par touches subtiles, la mise en scène lève le voile sur ces personnages en souffrance par leur histoire intime, et surtout réussit la tentative d'expliquer ce besoin, cette envie, ce "plus fort que tout", qui pousse les reporters photographes comme Isabelle Reed (fragile et désarmante Isabelle Huppert) à toujours retourner sur le front. Et ce sentiment restitué à merveille, oui c'est tellement dur là-bas qu'elle pense à son retour, et une fois revenue elle ne pense qu'à une chose : y retourner. Encore. Toujours. Comment ses deux garçons vivent-ils cela ? Et comment vivent-ils depuis sa disparition dans un accident de voiture? Un journaliste, ami de la photographe, décide de faire un article sur elle. Le mari se retrouve à gérer ce que va révéler ce papier, son plus jeune fils au lycée, taciturne et perturbé, et le plus grand qui vient d'avoir un enfant, et qui semble sur le point de craquer en permanence, même s'il parvient à masquer ses doutes intérieurs à ces proches.

Un film sur le deuil, mais sur le fil, en équilibre permanent entre les êtres. Un sujet et des personnages peu traités au cinéma, Wim Wenders avec son sublime Le Sel de la Terre sur Salgado avait lui aussi tenté de parler de comment c'était que de vivre écartelé entre sa passion, son adn, son oxygène, et une vie de famille qu'il aimait pourtant plus que tout au monde, et que Salgado retrouvait pourtant, déchiré à l'intérieur. Le film coréalisé par le fils Salgado parvenait à restituer aussi toute l'admiration pour le père et en même temps l'abîme qui les sépare de tels personnages. Comme Reed, ces jours où elle rentrait et apprenait à reprendre le cours des choses de la vie, là où elle les avait laissé, mais les choses depuis ont filé, elle raccroche les wagons. Et ce sentiment de ne pas être à sa place. Le point de vue des deux garçons dans Back Home est riche de sens, et renvoie au sens même que ces pionniers de l'art, ses fous, ses passionnés, donnaient à leur vie, et ce qu'ils laissaient à leur enfants. Un sentiment de vide oui, mais aussi tellement plus que les autre enfants dans le fait extraordinaire d'avoir un mère comme Reed, ou comme Salgado. Il y a là un sujet passionnant. Je n'ai pas vu le film précédent du réalisateur, Oslo 31 août (2011), ça me donne envie de le rattraper. Car la force de cette histoire réside dans une mise en scène feutrée qui suit ses personnages au plus près de leur ressenti émotionnel (dans une séquence nous suivons le père qui suit le fils), on ne sait jamais de quel côté le film va pencher, et s'engouffrer. On sent une certaine colère chez les personnages, quelque chose de borderline, de tendu, traité sur un ton mélancolique et doux. Ce n'est pas un film pesant pour autant, loin de là, c'est beau et lumineux. Vraiment. 

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